Les Jeudistes sur l’Areuse
Il y a heureusement assez peu d’endroits sur Terre qu’on peut qualifier d’irréels. Mais, pour le soussigné, les Gorges de l’Areuse méritent ce qualificatif. Comment imaginer un canyon plus étroit et tortueux que celui-ci, avec un sentier taillé à mi-hauteur dans des falaises quasi verticales ? On n’y voit pas le ciel à cause des surplombs et de la végétation qui nous domine, et pas non plus le fond de la rivière, peut-être 100 mètres plus bas. Victimes de vertige s’abstenir ! Et le chenal est si étroit qu’on y rencontre parfois des arbres que les éléments ont précipité à travers la gorge quand ils étaient petits, sans les déraciner, mais qui se sont redressés et ont grandi en s’appuyant sur l’autre rive, distante d’un à deux mètres. Quand je vous disais que c’est presque irréel !
C’est ce paysage fantasmagorique que les jeudistes ont découvert dans l’après-midi de ce 3 octobre 2019. Mais reprenons par le début. Le rendez-vous était fixé à 10 h à la gare de Chambrelien, sur la ligne Neuchâtel - Chaux-de-Fonds. En plus du soussigné, il y avait là Jean-Michel Cornu, Olivier Coste, Anne Le Duy, André Rouffy, Philippe Vittoz, et bien sûr les organisateurs Rose-Marie et Cédric Prêtre. Après un café de circonstance au Buffet de la Gare, on se lance sous bois pour remonter le Val de Travers par les hauts. On domine constamment la ligne de train Neuchâtel-Pontarlier qui serpente plus bas dans la vallée. On admire au passage la célèbre grotte de Cotencher, dont les fouilles ont montré qu’elle fut occupée il y a environ 50'000 ans par nos ancêtres du Néanderthal. A cette époque reculée, cette grotte devait dominer de peu l’immense glacier qui recouvrait le plateau suisse en contrebas. Il ne devait donc pas faire tellement chaud dans cette grotte !
Quoi qu’il en soit, on poursuit la ballade vers l’amont en suivant un sentier qui domine la voie ferrée. On admire en passant les gigantesques treillis de protection accrochés là sur des kilomètres à mi-pente pour protéger les rails contre les chutes de pierre. On redescend peu à peu et, vers 11 h 30, on atteint le hameau de Champ-du-Moulin, où on rejoint la rivière et la voie ferrée.
C’est le point extrême de notre périple. On se lance aussitôt dans la marche de retour qui va suivre la rivière, et reste donc en-dessous de la voie ferrée. On pique-nique à midi sur un replat près d’une monumentale cascade. Plus bas, la vallée se resserre de plus en plus. La gorge devient de plus en plus étroite et finit par être prise entre deux murailles irrégulières toujours plus rapprochées, comme je l’ai dit plus haut. On en sort presque avec soulagement au Pont des Clées. Il ne nous reste plus qu’à remonter dans la forêt jusqu’au point de départ de Chambrelien, et d’attendre le train autour d’une bière bienvenue.
Excellente journée, instructive et riche en émotions. Merci à Cédric et Rose-Marie de nous l’avoir proposée.